Pétrole

Alors que le cours du pétrole est en hausse : La crainte d’une pénurie persiste



Les événements qui secouent la Libye, grand pays producteur de pétrole, soulèvent des inquiétudes en raison de leurs répercussions sur les prix du pétrole. Les pays consommateurs à travers l’Agence internationale de l’énergie (AIE) l’ont fait savoir et l’Arabie Saoudite, un des grands producteurs de l’Opep, s’est dit prête à pallier cette défection. La Libye produit jusqu’à 1,48 million de barils par jour mais la situation «peut devenir critique si réellement la production pétrolière de ce pays est totalement stoppée», dit-on. Les stocks stratégiques des pays importateurs ne permettent de répondre que «pendant une courte période à un arrêt de la production».

Ces événements ont le départ de plusieurs compagnies pétrolières. Les plus importantes, la française Total, la norvégienne Statoil, la néerlandaise Shell, l’italienne Eni ou encore la chinoise Pétrochine. Ce qui aggrave la situation, c’est le fait que «des terminaux pétroliers seraient tombés aux mains de insurgés». Les experts regardent au-delà, la propagation des troubles à d’autres pays de la région. Ceux-ci détiennent 61% des réserves mondiales prouvées et couvrent 36% de la production mondiale de pétrole. Des organisations comme l’agence Barclay et Goldman Sach ont estimé que 500.000 à un million de barils ont été retirés du marché. Soit 1%  de la production mondiale. Pourtant, on parle déjà «d’un excédent de trois millions de barils sur le marché».

C’est dire que c’est beaucoup plus la crainte - pour le moment- qui tire les prix vers le haut. Selon un expert suisse, le Directeur de la Revue internationale de politique de développement, M. Gilles Carbonnier, la  hausse des prix pétroliers, aussi rapide, est «liée à la nervosité des acteurs du marché qui anticipent de potentielles difficultés d’approvisionnement». Ils participent ainsi à «un mouvement haussier des cours». La détente dépendra de la situation politique, dans les pays soumis aujourd’hui à ces troubles. Les cours sont montés à plus de 120 dollars (jeudi) et l’on estime qu’ils pourraient aller au-delà, ce qui est très inquiétant pour l’économie mondiale qui ne donne pas encore des signes probants de reprise.

En attendant, l’Arabie Saoudite s’est montrée disposée à pallier le manque de pétrole libyen. Le Royaume a des capacités supplémentaires et ne produit que 8 millions de barils par jour. Il peut aller jusqu’à 12 millions. L’Arabie Saoudite est habituée à jouer ce rôle de stabilisation depuis les dernières crises qui ont affecté le marché pétrolier. D’abord en 90-91 avec la guerre du Golfe, en palliant l’absence de l’Irak ensuite en 2002-2003 avec les troubles au Venezuela, autre grand pays producteur de l’Opep. L’apport de l’Arabie Saoudite a été de 2 millions de barils par jour, idem pour la seconde guerre du Golfe où elle a pu pomper 2,2 millions de barils supplémentaires. Toutefois, des experts se montrent sceptiques par rapport à l’offre saoudienne non pas sur le plan quantitatif mais plutôt qualitatif. Le pétrole saoudien «est lourd à raffiner et ne conviendrait pas aux raffineurs européens» qui s’assurent sur près de 85% de leurs besoins auprès de Libyens.

Pour leur part, les Libyens ont tenu à rassurer leurs clients sur «le strict respect des contrats de livraison», ils ne peuvent en décider autrement, ne serait-ce que pour attirer la sympathie des pays concernés. Reste à mesurer les implications de cette violence sur les installations pétrolières et les possibles perturbations de la production. La situation se complique plus avec le «retrait du personnel étranger et les difficultés de maintenance» qui en découleraient, ajoute M. Carbonnier.